Le secteur de l’eau au Maroc a bénéficié d’un intérêt particulier des pouvoirs publics et a été au centre des préoccupations des politiques économiques en raison de son rôle déterminant dans la sécurité hydrique du pays et l’accompagnement de son développement notamment l’agriculture irriguée.

Dans ce cadre, le Maroc a engagé depuis longtemps une politique dynamique pour doter le pays d’une importante infrastructure hydraulique, améliorer l’accès à l’eau potable, satisfaire les besoins des industries et du tourisme et le développement de l’irrigation à grande échelle.

En effet, le Maroc a réussi à bâtir un modèle efficient de gestion de l’eau, propre au pays et cité en exemple à l’échelle internationale.

Derrière ce succès indéniable :

  • La politique de maîtrise et de mobilisation des ressources en eau à travers la réalisation de grands barrages réservoirs et des ouvrages de transfert d’eau.
  • Le développement des compétences techniques et de recherche scientifique appliquée.
  • Une politique de planification à long terme lancée au début des années 1980 qui permet aux décideurs d’anticiper la pénurie d’eau en donnant aux pouvoirs publics une visibilité à long terme (20 à 30 années).
  • Et enfin des avancées importantes dans le domaine réglementaire et institutionnel, en l’occurrence la Loi 10-95 qui a consolidé la gestion intégrée, participative et décentralisée des ressources en eau à travers la création des agences de bassins hydrauliques et l’introduction des mécanismes financiers de protection et de préservation des ressources en eau.

Cette politique a permis de doter le pays d’une importante infrastructure hydraulique constituée de 139 grands barrages (graphique ci-après) totalisant une capacité de près de 17.6 Milliards de m3 et de plusieurs milliers de forages et de puits captant les eaux souterraines.

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Ces infrastructures ont permis d’assurer :

  • Le développement de l’irrigation à grande échelle.

Actuellement, la superficie équipée par les soins de l’Etat dépasse 1 million d’hectares. Par mode d’irrigation, les superficies équipées en irrigation de surface représentent 70% de la superficie équipée en irrigation pérenne, celles équipées en aspersion couvrent 9% de la superficie équipée, et celles équipées en irrigation localisée occupent 21% de la superficie équipée.

  • L’approvisionnement en eau potable des populations.

L’accès à l’eau potable est généralisé en milieu urbain avec un taux de branchement individuel au réseau de 94%, le reste de la population, située dans les quartiers périphériques en zone semi-urbaine, est desservie par bornes fontaines. En milieu rural, le taux d’accès à l’eau potable a connu au cours des dernières années un développement spectaculaire passant ainsi de 14% en 1994 à 94% en 2014.

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  • Protection contre les inondations

Des efforts importants ont été déployés pour atténuer les effets des inondations des grandes plaines. A ce titre, le Département de l’Eau (DE) a réalisé l’Etude du Plan National de la Protection contre les Inondations (PNI) qui a permis d’inventorier environ 400 sites exposés aux inondations, lesquels ont fait l’objet d’une concertation au niveau des Agences de Bassins Hydrauliques avec les différents départements concernés.

En parallèle aux actions physiques, des mesures d’amélioration des mesures de préventions ont été réalisées portant essentiellement sur le renforcement de l’activité hydro-météorologique, notamment l’amélioration du système d’annonce de crues et la modernisation des réseaux de mesures.

  • La production hydroélectrique

Les usines hydroélectriques réalisées jusqu’en 2010 totalisent une puissance installée de l’ordre de 1 730 MW dont près de 460 MW au niveau de la station de turbinage et de pompage d’Afourer.

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Evolution de la puissance installée en MW

Néanmoins, le secteur de l’eau reste confronté à des défis majeurs liés, à la raréfaction des ressources en eau et l’accentuation des phénomènes climatiques extrêmes (inondations et sécheresses) sous l’effet des changements climatiques, à l’inadéquation des ressources avec des besoins en eau en croissance continue à cause de l’accroissement démographique et du développement socio-économique notamment dans le secteur agricole (Plan Maroc vert) et les différents chantiers inaugurés par S.M le Roi Mohamed VI, à la surexploitation des ressources en eau souterraine et à la détérioration de la qualité des ressources en eau.

 

 

Le Plan National de l’Eau

Pour consolider les acquis et relever les défis susmentionnés, le Ministère Délégué chargé de l’Eau a élaboré le Plan National de l’Eau, constituant un prolongement des orientations de la la stratégie nationale de l’eau présentée à sa Majesté le 14 avril 2009 à Fès.

Les grands principes pris en considération dans l’élaboration des plans d’actions du PNE portent essentiellement sur :

  • la gestion intégrée et concertée de la demande et de la ressource en eau,
  • le renforcement de la sécurité hydrique du pays et l’adaptation aux changements climatiques,
  • la solidarité dans ses diverses dimensions,
  • la promotion de la bonne gouvernance du secteur de l’eau et la recherche de l’efficacité de l’action des acteurs, la recherche de la convergence et la mise en cohérence des programmes sectoriels
  • et la recherche des mécanismes et des moyens de financement du secteur de l’eau combinant les subventions publiques et le recouvrement direct des coûts par les tarifs des services de l’eau.

Le PNE est fondé sur trois piliers à savoir :

  1. Gestion de la demande en eau et valorisation de l’eau :

Dans le domaine de l’eau potable, en plus des objectifs de généralisation de l’accès à l’eau potable, l’amélioration des rendements des réseaux de distribution d’eau potable.

Dans le domaine agricole, le prolongement du programme de reconversion à l’irrigation localisée basé sur les objectifs du Plan Maroc Vert (2020) jusqu’à l’horizon 2030.

Pour une meilleure valorisation des ressources en eau, l’accélération du programme d’aménagement hydro-agricole à l’aval des barrages existants ou en cours de réalisation.

  1. Développement de l’offre : à travers la poursuite de la mobilisation des eaux de surface par les barrages, la mise en valeur locale des eaux de surface par le biais des petits barrages, le recours aux ressources en eau non conventionnelles notamment le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées épurées et la possibilité de transférer l’eau à partir des bassins excédentaires en eau du Nord-Ouest vers les bassins déficitaires du Centre-Ouest.
  2. Préservation des ressources en eau, du milieu naturel et adaptation aux changements climatiques par la préservation de la qualité des ressources en eau et la lutte contre la pollution, la protection et la gestion durable des eaux souterraines, l’aménagement et la protection des bassins versants et la sauvegarde et la préservation des zones sensibles notamment les zones humides et les oasis.

Dans le cadre de l’adaptation aux changements climatiques et pour une meilleure maîtrise des phénomènes extrêmes, le PNE propose des actions pour la protection contre les inondations et la lutte contre les effets de la sécheresse.

Le PNE propose également la poursuite des réformes règlementaires et institutionnelles la révision de la loi sur l’eau 10-95 et son harmonisation avec les lois qui lui sont connexes.